mardi 31 mai 2011

Le Lion de Macédoine, tome 1 : L'Enfant maudit

De David Gemmell

Parménion est un métisse, moitié spartiate par son père et moitié macédonien par sa mère, Bien que son père soit considéré comme un héros aux yeux des spartiates, le jeune soldat n'est pas reconnu comme un des leurs.
Supportant tant bien que mal la haine, les humiliations et les bastonnades de ses "camarades", il parvient à battre Léonidas aux jeux et à devenir le strategos, gagnant par la même occasion l'épée du roi défunt du même nom.
De plus, la vieille Tamis, la voyante, a vu le rôle qu'il devait jouer contre l'Esprit du Chaos et se charge de plier son destin afin de le faire devenir le Lion de Macédoine et la Mort des Nations.
Utilisant contre lui son amour pour la belle Dérae, promise à un autre, la voyante les incitera à oublier toute prudence.
Leurs agissements découverts, la jeune spartiate sera condamnée à mort et jeté en pleine mer, les membres liés.
Perdant avec Dérae le seul lien qui lui restait avec la cité qui l'avait rejetée, il ne restera à Parménion que sa haine  et pour seule ambition que de voir tomber Sparte.

Gemmell nous signe encore une œuvre épique, nous faisant (re)découvrir une Grèce antique avec ses complots, ses alliances, ses trahisons, ses guerres et sa magie.

Mélangeant avec parcimonie le roman historique et le roman fantastique, l'auteur nous conte une histoire plus réaliste que le cycle de Drénaï. En effet, il manipule avec adresse les lieux, personnages et principaux événements historiques ayant réellement existé pour y fondre une touche de fantasy, comme un arrière gout fort agréable.

L'histoire de ce premier tome retrace les débuts de la vie de Parménion, héros torturé et manipulé par les forces du bien et du mal. D'ailleurs, on ne sait pas si quelles actions sont contrôles par quelle force et donc si le héros précipitera l'avènement du mal ou l'empêchera.

Là aussi, nous retrouvons la touche de Gemmell qui compose encore ici un héros torturé, métisse entre deux peuples et accepté nul part (cf Le roi sur le seuil), dont la femme meurt et ne lui restant plus que la vengeance.

David Gemmell nous peint également de somptueux décors tirés des mythes grecs et jongle parfaitement avec la vraisemblance historique en incluant de grands noms comme Philippe II de Macédoine, Alexandre le Grand et Aristote.

Cependant, il ne s'embarrasse pas avec les divinités au pouvoir à cette époque (il explique d'ailleurs clairement que les dieux grecs n'existent pas et qu'ils étaient en fait de simples humains), simplifiant les forces divines au nombre de deux : celle de la Source et celle du Chaos.

Ce premier tome du Lion de Macédoine plante le décor d'une tétralogie qui s'annonce passionnante.
C'est du pur Gemmel : Simple, efficace et impossible à lâcher (rien de tel pour bien louper sa station de métro).

vendredi 27 mai 2011

Les guerriers du silence

de Pierre Bordage

Quatrième de couverture :



Quelque cent mondes composent la Confédération de Naflin, parmi lesquels la somptueuse et raffinée Syracusa. 
Or, dans l'ombre de la famille régnante, les mystérieux Scaythes d'Hyponéros, venus d'un monde lointain, doués d'inquiétants pouvoirs psychiques, trament un gigantesque complot dont l'instauration d'une dictature sur la Confédération ne constitue qu'une étape. 
Qui pourrait donc leur faire obstacle ? 
Les moines guerriers de l'Ordre Absourate ? 
Ou faudrait-il compter avec cet obscur employé d'une compagnie de voyages qui noie son ennui dans l'alcool sur la planète Deux-Saisons ? 
Car sa vie bascule en ce jour où une belle Syracusaine, traquée, passe la porte de son agence...

Rares sont les romans français de science-fiction animés d'un véritable souffle épique.


Pierre Bordage pose la première pierre d'une très riche trilogie à mi chemin entre le space-opéra et la fantasy.

C'est également le premier de ces livres que je lis et, une fois passé une certaine difficulté à intégrer cet univers extrêmement copieux, il se lit très facilement.

L'auteur utilise au mieux une imagination débordante pour créer des mondes, des cultures et un grand nombre de personnages presque excessivement détaillés (surtout ceux dont la durée de vie ne dépasse pas le chapitre).

En parcourant les nombreuses pages de cette œuvre, le lecteur est transporté dans des mondes étranges, avec une petite pointe médiévale et magique contrastant avec la technologie avancée, à la découvertes de personnages haut en couleurs.

Certes, on peut remarquer de nombreuses analogies avec StarWars mais cela ne tarie en rien le plaisir que l'on a à découvrir cet univers.

De plus, les nombreux mots inventés (comme les noms de bêtes étranges, d'armes, etc) sont souvent des concaténations de mots dont le sens est connu. Ainsi on s'imagine facilement à quoi ressemblent un ChienLion ou les armes appelées BrulEntrailles ou OndeMorts sans avoir besoin de descriptions exhaustives.

Le rythme de lecture est cadencé par de courts chapitres, où l'on change presque à chaque fois de personnages et donc de point de vue.

Cependant, les deux derniers chapitres sont un peu trop rapides et j'aurai aimé que le livre s'attarde un peu plus sur les deux protagonistes perdus sur leur ile. 
En effet, en quelques pages, ils passent du statut de naufragés ne s'adressant pas la parole à celui de couple mystique voyageant à travers l'espace par la pensée.

J'ajouterai un autre petit bémol sur les descriptions des contractions rectales du héros lorsque celui-ci est tendu ou nerveux. Il y avait certainement de meilleures façons de décrire ses ressentis que de répéter 7 fois qu'il a "Le rectum qui se contracte".

Malgré cela, Les guerriers du silence reste un très bon livre, signé d'un français qui réalisait déjà une belle prouesse pour son premier roman.

mercredi 25 mai 2011

Dracula

De Bram Stoker


Dès son arrivée, Jonathan Harker, jeune clerc de notaire anglais envoyé dans les Carpates par son patron M. Hawkins, est plongé dans les mystères.
Son client, le comte Dracula, qui lui a réservé une chambre dans une auberge, est craint par les villageois.
Ces derniers offrent au clerc crucifix, gousses d'ails et de nombreuses mises en garde.
Faisant fi de tout cela, il se rend dans le château de son client.
Bien qu'original, le comte ne lui paraît pas aussi effrayant que ne laissent entendre ses voisins, tant il est accueillant, et bien que son aspect extérieur soit assez déroutant :
"Son visage donnait une impression de force, avec son nez fin mais aquilin, des narines particulièrement larges, un front haut et bombé, des cheveux qui se clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abondants. Les sourcils, massifs, se rejoignaient presque à l’arête du nez et paraissaient boucler tant ils étaient denses. La bouche, pour autant que je pusse l’entrevoir, sous l’épaisse moustache, présentait quelque chose de cruel, sans doute en raison des dents éclatantes et particulièrement pointues. Elles avançaient au-dessus des lèvres elles-mêmes dont le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme de cet âge. Les oreilles étaient pâles et se terminaient en pointes. Le menton paraissait large et dur et les joues, malgré leur maigreur, donnaient toujours une impression d’énergie. L’impression générale était celle d’une extraordinaire pâleur. J’avais déjà remarqué le revers de ses mains qu’il avait posées sur ses genoux et, dans la lueur des flammes, elles m’avaient paru longues et fines. Pourtant, à présent que je les voyais de près, je les découvrais grossières, larges, doigts épais. Étrange constatation, aussi, je remarquais des poils au milieu des paumes. Les ongles étaient longs et fins, presque trop pointus. Un moment donné, le comte se pencha vers moi et ses mains me frôlèrent. Je ne pus retenir un frisson. Peut-être devais-je en imputer la cause à son haleine fétide, mais une terrible nausée s’empara de moi, que je ne pus cacher. Le comte s’aperçut de mon dégoût, car il recula. Avec un sourire effrayant, qui découvrit davantage ses dents proéminentes, il retourna s’asseoir à côté de la cheminée"
Cependant, il se rend vite compte qu'il est bien plus un prisonnier qu'un invité dans ce mystérieux palais.

Parallèlement à cela, son amie, Lucy Westenra souffre d'un mal étrange qui, couplé à des crises de somnambulisme, la mène à se retrouver en pleine nuit dans un cimetière en compagnie d'un mystérieux inconnu.
Même ses amis, Jack Seward et le docteur Abraham Van Helsing, ne peuvent apporter de remède à cette maladie.
Finalement, tout ce petit groupe, une fois réunis et, une fois convaincu que les vampires existent bel et bien, se mettent en chasse du comte afin de mettre un terme à ses sombres agissements.


Je ne suis pas un fervent lecteur d'histoires de vampire, surtout depuis qu'ils sont à la mode et utilisés à toutes les sauces, mais je ne pouvais pas passer à coté de ce monument tant plébiscité.

Le style de Bram Stocker fait naitre une ambiance effrayante en créant à une atmosphère lourde et oppressante, magistralement architecturée.

Datant quelque peu (du XIXième siècle si je ne m'abuse), je suppose que, lors de sa parution originale, il devait être vraiment terrifiant pour un public encore très catholique et superstitieux.

Les scènes de violence sont très rares et sont le plus souvent évoqués plutôt que vécues. L'auteur, contrairement à certains auteurs contemporains, ne s'appuie pas sur le volume de viscères et de sang versés pour susciter la terreur de ses lecteurs.

Certes, le style est quelque peu obsolète et entraine quelques longueurs (assez rares dans l'ensemble), mais malgré tout ce livre se lit assez facilement.

Les décors sont magnifiquement rendus, donnant presque vie au château.


Cependant, si la première partie du roman m'a particulièrement plus, j'ai été un peu déçu par la seconde.
En effet, mon coté lecteur de livre d'action/fantasy attendait avec impatience le moment où les héros se rendraient enfin compte de la véritable nature du comte Dracula et le prendraient en chasse (Pour me situer, je venais aussi de finir Le roi sur le seuil de David Gemmell. Peut être pas un bon combo après réflexion :p ).
Au moment ou j'attendais quelques combats épiques, ça blablate, tergiverse, hésite. Les personnages se perdent dans des discours rhétoriques sans fin et s'en remettent sans cesse à Dieu.
J'ai trouvé cette partie du roman un peu trop longue, avec l'impression qu'elle ne servait qu'à repousser la conclusion du livre afin de nourrir le suspense.
De plus, le combat final manque de rebondissement et le personnage tout-puissant de Dracula, possédant tout de même d'impressionnants pouvoirs, se fait tuer bêtement par le petit groupe.

Malgré cela, la structure du roman m'a beaucoup plu de part son originalité.
En effet, il n'y a pas un seul narrateur tout au long du livre. Les différents personnages se relaient pour nous narrer leur histoire à travers différents journaux (ceux de Jonathan Harker, Mina Murray, de Déméter et du docteur Seward) ou au travers des lettres. Il y a donc plusieurs narrateurs et le lecteur, de ce fait, partage les sentiments de chaque personnage et voit la trame se dessiner à travers différentes perspectives.

Au final, c'est un grand classique qui, même si l'on sent qu'il vieillit assez mal, est un des livres à avoir lu au moins une fois.
C'est d'ailleurs dans ce contexte que j'ai lu ce livre, via le challenge Tous les livres qu'il faut avoir lu dans sa vie.
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Petit rappel des règles et de ma sélection d'œuvres

mercredi 18 mai 2011

Diké ou l'archiviste

De Jérome Bonneau

L'inspecteur Jonathan Bouvier, surnommé Shark par ses collègues en raison de son tempérament glacial et de son teint blafard, est presque une légende dans la police avec un taux de réussite de 95%.

Il se voit confier une enquête concernant le meurtre d'un violeur, empoisonné dans sa cellule, les organes génitaux tranchés.
Une affaire qui aurait été presque banale, où généralement gardiens et détenus sont complices, si l'on ne tenait compte du mot Δικη tatoué au niveau du cœur de la « victime »
Cependant, ce meurtre est loin d'être un cas de simple vengeance isolé.
D'autres meurtres portant la même signature s'enchainent sans que l'inspecteur ne puisse apercevoir, au premier regard, de liens entre les proies.
Il ne sait pas non plus qu'il est lui même sur la liste de ce mystérieux vengeur.


Bien que je ne soit pas spécialement un grand lecteur de policier, j'ai lu ce livre d'une traite tant l'histoire est prenante et agréable à lire.

Le style est très simple et, loin de se cacher derrière de pompeuses tournures, l'auteur préfère narrer une histoire au fil de son imagination, avec beaucoup de franchise et surement un peu de lui même derrière certains des personnages.

Certes, le thème de l'antihéros, se prenant pour un justicier et appliquant une justice quasi-divine, n'est pas nouveau mais il est bien exploité.
Grâce à cette « divinité » , le tueur se substitue à la justice imparfaite des hommes comme le montre son nom d'emprunt : Δικη
« C'est du grec ancien. Ce mot désigne la fille de Thémis et de Zeux, Diké, déesse de la justice. Elle représente la personnification de la justice morale. »

Contrairement à de nombreux polars, le but de ce livre n'est pas de nous mener à la découverte du tueur, son identité étant révélé dans le titre du livre, mais à la découverte de ses motivations et des secrets de son passé.

Ici, pas de héros parfait en tout et de « méchants » parce qu'il faut bien opposer un ennemi au héros.

Les personnages ont un certain relief et crédibilisent l'histoire.
L'inspecteur ne vit que pour son travail, une véritable drogue, dont il ne décroche pas une fois rentré chez lui, au détriment de sa vie de couple et même de sa vie sociale, réduite au minimum.
« Diké », l'archiviste, de son coté, qui a reçu de nombreux traumatismes au cours de sa vie, saisie sa chance de faire appliquer sa justice, écœuré de tout les crimes « impunis » passant devant ses yeux.

Le livre est rempli de clichés provenant de films d'actions des années 90 (comme L'arme Fatale, Piège de cristal et autres films culte de cette époque) donnant un petit air rétro au livre avec, par exemple, le surnom « Shark », le chef qui passe son temps à hurler, le duo jeune flic – vieux flic, etc...

Au final, c'est un livre très rapide à lire mais qui laisse une très bonne impression.
L'histoire entrainante et le style épuré forment un duo assez efficace.
Je donnerai volontiers un 4/5 à ce nouvel auteur, qui signe avec brio son tout premier roman, et j'attends impatiemment de voir de quelle façon son style évoluera lors de son prochain roman.

Je remercie Les agents littéraires et Les 2 encres, pour cet envoi.

dimanche 15 mai 2011

Le roi sur le seuil

De David Gemmell 

 

Cent ans après l'héroïque résistance de la forteresse de Dros Delnoch, pendant laquelle mourut Druss la légende, Drenaï est dirigé par un tyran : l'empereur Ceska, qui a pris le contrôle de l'armée.
Massacrant sa propre population, il trahit également ses soldats les plus fidèles et les plus chevronnés : le corps d'élite du Dragon.
Il lance à leur trousse les Unis, chimère mi-homme mi-animal à la puissance dévastatrice, qui terrassèrent le Dragon.
Tenaka Khan fait partie, avec Ananaïs et Decado, des rares survivants.
Descendant directe de Regnak, le dernier Comte de Bronze, et d'Ulric, prince des Nadirs, il partira à la recherche de Ceska afin de l'assassiner.
Véritable meneur d'homme, sa quête se changera en véritable guerre au fur et à mesure que des compagnons, anciens alliés et nouvelles connaissances, se joindront à lui.
A Tenaka, surnommée l'Ombre par les mystiques, se joindront Ananaïs le Guerrier doré, Decado le Tueur glacé, Renya l'Unie mi-femme mi-animal, Païen le guerrier du lointain Sud et Scaler, son cousin du coté Drenaï.
Comme un siècle auparavant, le destin d'une nation complète dépendra de celui d'un seul homme.

C'est avec un grand plaisir que je replonge dans l'univers de Drenaï, renaissant sous la plume magique de David Gemmell.
Si Légende est un Fort Alamo à la sauce héroic-fantasy, le Roi sur le Seuil c'est Les sept samouraïs (Tenaka Khan,Ananaïs, Decado, Païen, Renya, Scaler. Comment ça, y'en a que six ?)

Les personnages, beaucoup plus travaillés que dans Légende, ont tous un passé assez tragique et un destin immuable.
Tenaka Khan, mi Nadir, mi Drenaï, n'est vraiment accepté nul part et tente de racheter son exil volontaire loin des combats en tentant de mettre un terme au règne d'un tyran, même au terme de sa vie.
Decado, ancien tueur impitoyable, se repend dans un monastère des Trente, à l'abri de la guerre afin de ne pas céder à la folie.

Les autres n'ont pas un passé plus enviable : Renya, mi femme, mi panthère, Ananaïs, le géant blond dont la beauté légendaire s'est envolée quand un Uni lui arracha le visage, Scaler qui ne produit aucun acte évoquant courage et force malgré sa parenté avec Tenaka et Païen, roi venu d'une lointaine contrée et désireux de venger son peuple afin tuer ses propres démons.

Malgré que le schéma de fond soit le même que Légende (beaucoup d'action, de guerre et de sièges, un solitaire dont la rencontre avec une femme changera le destin et celui du royaume), l'histoire est un peu plus complexe et les relations amoureuses entre les personnages sont mieux orchestrées.

Par contre, Le roi sur le seuil, ne cherche pas à donner un bon rôle, ni même un coté un peu honorable, aux "méchants" : ils sont juste une nécessité.
Les hommes étaient vraiment stupides; ils ne comprenaient rien à la réalité de la vie.[...]
Il y aurait toujours des tyrans. Les hommes semblaient incapables de vivre sans. Parce que sans tyran, il ne pouvait pas y avoir de héros. Et un homme avait besoin de héros pour vivre.


Cependant, je suis un déçu par la fin, qui est un peu trop rapide.
Après avoir utilisé près de 400 pages pour mettre en place tout les pions sur l'échiquier, l'auteur met mat en seulement une dizaine.

De plus, l'épilogue enfonce encore le clou de l'absurde destinée à laquelle les hommes ne peuvent échapper.

Finalement, c'est encore un très bon livre de Gemmell dont le style, efficace et sans prétention, fait vite oublier les petites faiblesses et c'est avec tristesse que je me rend compte qu'il ne me reste plus qu'un seul Gemmell dans ma PAL : Renégats.

samedi 14 mai 2011

Des templiers à la franc-maçonnerie

De Jacques Rolland



Quatrième de couverture.
Peut-on établir une filiation directe ou indirecte entre l'Ordre du Temple et la Francs-maçonnerie ?
Pourquoi la littérature maçonnique fait-elle l'impasse sur cette transmission ? Jacques Rolland nous propose, dans ce remarquable essai, fruit d'innombrables recherches, une étude sur la lente émergence de la maçonnerie à partir du
phénomène templier. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que l'on croyait l'Ordre du Temple disparu dans les flammes des buchers, il allait essaimer plus largement encore qu'il ne l'avait fait de son vivant. Il léguait en héritage pour les siècles à venir ses idéaux et ses valeurs.

Si la cathédrale des tailleurs de pierre est gothique, elle est encore plus templière, pour avoir mis les hommes debout et en état de marche, car la véritable mission que s'étaient donné les templiers n'était-elle pas justement de provoquer une révolution sociale et démocratique ?
L'héritage, telle une pierre précieuse, se retrouve entre les mains des Francs-Maçons.
Et c'est pourquoi "Son nom fut autre et le même pourtant".


Pas de doute possible, Jacques Rolland maitrise son sujet sur le bout des doigts.
Il nous entraine, à travers les siècles, suivre les traces, parfois disparues, souvent volontairement effacées, des templiers afin de tenter de révéler un lien entre ceux-ci et les franc-maçons.

Cependant, le rythme imposé essouffle un peu le lecteur qui, comme moi, aurait un bagage historique un peu trop léger.

De plus, l'écriture est assez complexe et, malgré la précision employée afin d’étayer ses propos et les illustrations proposées, elle a tendance à embrouiller un tantinet, ce qui ralentit considérablement la lecture.
« Il a été précisé maintes fois dans cet essai que les fractures spatio-temporelles survenues au cours de l'évolution géopolitique de ce monde impliquaient trop d'aléas et d'inconnus pour recevoir l'hypothèse d'une filiation ou d'un héritage »

Toutefois, la lecture de cet ouvrage reste très intéressante et permet de découvrir de nombreux secrets de cet ordre (que je ne révélerait pas afin de ne pas gâcher la lecture).
J'ai été cependant surpris de voire l’implication de ces deux groupes dans l'histoire mondiale.

Je pense que, bien que ce livre serait peut être, de part sa complexité, plus apprécié par un féru d'histoire, il n'en reste pas moins une lecture fort instructive.


Ce livre m'a été envoyé par les Éditions Trajectoire à l'occasion du programme Masse Critique de Babelio.





Je les remercie pour cet envoi, dont l'impression est, au passage, excellente.

vendredi 13 mai 2011

XIII, tome 1 : Le jour du soleil noir

de William Vance et Jean Van Hamme

XIII.


XIII est la seule marque distinctive qu'il portait sur lui, tatouée sous sa clavicule gauche, quand un couple l'a repêché, blessé d'une balle à la tempe.
XIII, est son nom, à défaut du vrai, pour cet amnésique qui, en recherchant son passé est poursuivi par une bande de tueur.
Il découvre que ses réflexes et capacités aux maniements des armes ne sont pas ceux d'un homme ordinaire.
Qui était-il ? De quel coté de la justice était-il ?
Question d'autant plus délicate qu'il découvre qu'il est le meurtrier le plus recherché de la terre, accusé d'avoir assassiné le président des États-Unis.


Premier tome d'une série déjà culte et que je découvre sur le tard, Le jour du Soleil Noir est une bande dessiné d'action et de suspense très entrainante.
On y suit un héros, que l'on découvre petit à petit en même temps que lui, en proie à des troubles intérieurs liés à la découverte de son passé ténébreux.

Le trait est précis et, malgré des couleurs un peu ternes, le rendu est agréable.
Couplé avec un scénario et des dialogues percutant, cela crée une ambiance propice au mystère.
De plus, les personnages, tant pour le design que pour l'histoire, sont plutôt soignés et réalistes.

Ce premier tome m'a laissé une excellente impression, me donnant envie de continuer cette série.

jeudi 5 mai 2011

Faërie

De Raymond E. Feist

Phil est un écrivain connaissant davantage de succès pour les scénarios qu'il écrit pour les films que pour les livres qu'il publie.
Il se rend acquéreur d'une ferme de belle époque, gavée de mystères, où il emménage avec sa femme, Gloria, sa fille, Gabbie, et ses deux jumeaux, Sean et Patrick, espérant trouver le calme nécessaire à la poursuite de son livre.

Toutefois, leurs enfants, et tout particulièrement les jumeaux, ne tardent pas à être témoins et victimes de manifestations étranges : clairières hantées ou se réunissent des êtres dansant, lueurs nocturnes, créatures se cachant sous les ponts de bois prête à attaquer les passants ou êtres de légendes au magnétisme surnaturel.

Ces êtres de légendes sont-ils imaginaires ou réels ?
Font-ils partie du vieux peuple des fées ou bien d'une engeance plus maléfique ?

Quel est ce trésor, que Phill à déterré non loin de la bâtisse et qui suscite leur colère?

Bientôt la famille complète, ainsi que quelques amis, seront impliqués dans une mystérieuse conspiration et leurs sorts, et celui du monde entier qui innocemment ne se doute de rien, reposeront sur les épaules juvéniles des jumeaux.


Contrairement aux romans-fleuve de la série de Krondor, Feist nous signe ici une œuvre unique, tant par sa conclusion en un seul volume que par son genre singulier.
En effet, ce n'est pas vraiment de la fantasy mais presque un mélange de triller et d'urban-fantasy.

Ici les seules notes de fantasy se rapportent au peuple des fées et, loin de créer une ambiance chamallowesque (oui, j'invente des mots si je veux :p), le mélange est plutôt terrifiant.

Par contre, l'écriture est douce, simple et très concise, ne délivrant au lecteur que les informations nécessaires afin de le faire douter. 

Grâce à la puissance narrative de Feist et à la vraisemblance des personnages, auquel il est facile de s'identifier, on se retrouve plongés dans cet univers angoissant nous poussant à fuir vers la fin du livre aussi vite que possible.

Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait penser en voyant la couverture, l'age des héros et le ton employé, ce livre n'est pas à ranger dans les rayonnages "Jeunesse" (Comme je l'ai vu chez certains vendeurs).
En effet, certaines scènes de possessions démoniaque digne de l'exorciste et d'autres où le «romantisme»  est assez accentué, ne sont pas, à mon avis, à placer devant des yeux innocents.

En dépit de cela, il est très difficile de reposer le livre une fois commencé tant l'histoire est envoutante.

Au final, même si ce n'est pas le livre du siècle et que je préfère largement ses romans sur Krondor, il reste un bon one-shot de l'auteur.