dimanche 26 février 2012

Noirs en blanc

De

Comment Zola Méké, jeune Africain issu d’une famille démunie, est-il devenu chirurgien à Paris ?
Pour faire ses études, Zola, adolescent, est obligé de s’exiler. D’abord à Cuba, puis en Russie et en France. Une ascension sociale terriblement coûteuse : déchirement familial, petits boulots pour survivre, racisme, tiraillement entre l’attrait d’une vie « moderne » et l’emprise de la culture originelle.
Mais ce roman est aussi une histoire forte d’amitié et d’amour entre quatre jeunes aux destins divergents. Une aventure humaine où les personnages de rencontre abondent : un idéaliste égaré, une singulière mère adoptive, un curieux chirurgien russe adepte du silence… Le tout narré d’une plume alerte où l’humour s’invite souvent.
"Noirs en blanc" est une fiction inspirée des témoignages de médecins étrangers travaillant dans nos hôpitaux. Il évoque la fuite des cerveaux d’Afrique ˗ un drame pour ce continent… "Reprenez vos ONG et rendez-nous nos médecins !" s'écrie Myezi, une femme chirurgien amoureuse de Zola.




Si le thème évoqué dans le roman est très sérieux, la lecture est fluide, d'un ton autobiographique. Les personnages sont sympathiques, soudés par une profonde amitié. 
L'auteur puise dans les témoignages de ses confrères pour nous livrer une histoire sincère et authentique. 
L'histoire peut se décomposer en quatre parties: l'enfance de Zola à Cuba, sa scolarité à Saint Petersburg, sa carrière en France et son retour au pays. On suit le jeune Zola à travers son chemin de croix pour devenir médecin. Ce parcours parait presque surréaliste, poursuivre ses études à travers trois pays et dans des conditions de vie déplorables, alors que dans notre pays presque tout le monde à accès à de bien meilleures installations.

J'ai beaucoup aimé la première partie à Cuba en pleine guerre froide.
On y apprend qu'à cette époque Cuba (et derrière lui la Russie), octroyait des bourses d'études à de jeune africains. Acte pas vraiment humanitaire car il s'en servait comme esclaves dans les champs pour financer leurs études.
L'auteur narre en second plan les désillusions du "père adoptif" du héros, grand idéaliste, qui s'était donné corps et âme pour ce pays dont il croyait la cause juste et qui doit fuir comme un bandit hors du pays.
Derrière une histoire un peu longuette sur la vie du héros, une véritable question se pose. Comment régler le problème de la fuite des cerveaux d'Afrique ?
Si le problème est simple, la solution l'est beaucoup moins.
En effet, pour s'instruire les jeunes africains sont obligés de quitter le pays. Et quand, au bout de leurs efforts, ils acquièrent diplômes, travail et situations, ils se retrouvent face à un gigantesque point d'interrogation. Doivent-ils rentrer dans leurs pays pour le faire progresser et ce contre leurs gouvernements tout en laissant derrière eux une médecine moderne, un salaire et une vie confortable.

Bien que le thème m’ait beaucoup plu, le remplissage sur la vie du héros m'a souvent lassé. Certains passages étaient franchement dérangeants et superflus. 
J'ai trouvé également dommage que le véritable problème ne soit évoqué que dans les dernières pages.



En résumé, c'est une lecture sympathique qui, au travers d'un roman, pose de réelles questions.

mercredi 22 février 2012

Les Bannis et les Proscrits, Tome 3 : La Guerre de la Sor'cière

De James Clemens



La magie sanglante est un pouvoir ravageur... 
La jeune Elena le tient entre ses mains et bien plus encore. 
Car le sort de tout Alaséa dépend du Journal Sanglant, un puissant talisman forgé cinq siècles plus tôt. Seuls les secrets contenus dans ses pages permettront à Elena de vaincre le maléfique Seigneur Noir. Malheureusement, le Journal Sanglant est caché à Val'loa, la cité légendaire sur laquelle règne Shorkan, le bras droit du Seigneur Noir. 
Pour s'en emparer, Elena aura bien besoin de ses compagnons, dont le guerrier manchot Er'ril, le seul homme qui sache comment en déverrouiller les protections magiques, ou encore son dragon Ragnar'k... 


Hésitant sur les deux premiers opus, j'ai rempilé pour La guerre de la sorcière. Suite à la lecture de ce tome, les deux premiers m'ont donné l'impression d'être une introduction, où l'auteur place soigneusement ses pièces.
Grâce à eux, la plupart des personnages sont déjà bien connus et ce livre ne souffre donc pas de l'ajout de nouveaux personnages.
Je garde malgré tout mes préférences pour l'ogre et Mycelle, la métamorphe, guerrière et mère de l'ogre.
Je trouve aussi le personnage d'Elena de moins en moins agaçant. Elle gagne en maturité en acceptant à la fois ses responsabilités envers Alaséa en tant que sorcière et en tant que femme en acceptant ses sentiments pour Er'ril.

De nombreux rebondissements, tels que la recherche d'alliés par Sywen et Kast, les manigances de Greshym l'arrivée des elfes, etc, agrémentent ce roman
L'action, les batailles et la magie sont toujours au rendez-vous, ponctués par des notes de tragédies, de trahissons, de machinations et d'amour.

Ce tome est également riche en révélations sur les origines des Me’rai et des Dre’rendi, la pratique de la magie noire par le frère de la sorcière, Joach, ainsi que sur les pouvoirs de tisseur lui faisant voir en rêve une partie de l'avenir.
Un rêve le montrant terrassant Er'ril avec la magie noire, pour protéger sa sœur contre les envies meurtrières de celui-ci, mettra en doute la sincérité même de l'homme lige de la sorcière

Les seules révélations manquantes sont celles sur le Cœur Noir. Qu'est-il ? Quels sont ses desseins ?

Au final, c'est une série qui se bonifie de tome en tome. Malgré ses presque 800 pages, le troisième tome se lit avec facilité, intérêt et surtout beaucoup de curiosité.

Le quatrième tome est d'ailleurs déjà bien entamé.


Mes avis sur le tome 1 et 2 sont disponible ici et .

mercredi 15 février 2012

Elric, Tome 1 : Elric des Dragons

De


Résumé :

Melniboné, l'île aux Dragons, régnait jadis sur le monde. Désormais les Dragons dorment et Melniboné dépérit. Sur le trône de Rubis siège Elric, le prince albinos, dernier de sa race, nourri de drogues et d'élixirs qui le maintiennent tout juste en vie. La menace plane ; alors il rend visite au Seigneur du Chaos, Arioch, et conclut un pacte avec lui. Il s'engage ainsi sur le chemin de l'éternelle aventure : le Navire des Terres et des Mers le porte à la cité pestilentielle de Dhozkam, et son destin le pousse à franchir la Porte des Ténèbres ; au-delà, deux épées noires attendent leur maître et leur victime...


Mon avis :
Au hasard d'une visite chez mon libraire d'occasion favori, je suis tombé sur ce titre lu il y a quelques années dans l'almanach de la fantasy que m'avait prêté Plume (encore merci d'ailleurs).


J'ai eu un peu de mal à accrocher à l'histoire car, si j'ai bien aimé le coté fragile du héros contrastant avec sa puissance en tant qu'empereur, les personnages tergiversent de nombreuses pages sur son incapacité à régner comme le veut la tradition, sa politique trop “humaine” et évidement sur sa faiblesse physique.
La trame centrale est classique à souhait : le cousin d'Elric, Yyrkoon, est son parfait opposé et complote pour prendre sa place et devant son échec, enlève la bien-aimé d'Elric, la belle Cymoril.
Évidement, Elric le poursuit à travers les mers jusqu'aux enfers pour la secourir.


En cela, le livre est l'archétype du roman de fantasy.
Cependant, Moorcock insuffle une petite touche de poésie et certainement beaucoup de lui-même dans les personnages comme il est dit dans la préface :


"(...) dans ses premières aventures, Elric se déplaçait dans un univers assez semblable au mien. Pour moi, Elric c'était moi (tout au moins le moi des années 60). Nous avions en commun les mêmes caractéristiques troubles du traître et du trahi, un abasourdissement identique face à l'existence et le même désir de trouver des solutions ; car toutes ces formes d'incompréhension menant à la violence, au cynisme ou au désir de puissance, tout cela venait de moi."


Ce premier livre jette les bases d'une tragédie, à l'instar des tragédies grecques, certainement plus profonde.
En effet, pour retrouver son cousin, Elric se lie avec Arioch, maître des enfers et du chaos qui, en échange de sa future loyauté, lui prête main fortes.


Seul bémol,  je n'ai pas accroché aux autres personnages,à l'exemption du héros, pas suffisamment fouillés à mon goût. Leurs relations sont cousus de fil blanc et, dès les premières pages, on devine la relation amoureuse avec Cymoril et la rivalité avec Yyrkoon.


L'écriture est fluide bien qu'un peu trop ampoulé, comme si de multiples réécriture avaient fait disparaitre un peu de la chaleur du phrasé au profit de la forme. 


Sans être un summum du genre, ce premier opus du cycle d'Elric fut une bonne découverte et mérite d'être lu.
Je poursuivais donc la lecture du cycle d'Elric avec le second tome La forteresse de la perle.

vendredi 10 février 2012

La pierre et le sabre

D'Elji Yoshikawa


"Le sabre perça l'air avec le bruit sec d'une corde d'arc, et un cri foudroyant remplit l'espace vide...
Un énorme soleil rouge jaillit en flammes au-dessus du Higashiyama... Fasciné, vibrant de vie, Musashi le regardait monter...
Son sang parut sur le point de jaillir de ses pores. On eût dit le diable même, surgi de l'enfer."

Dans le Japon du XVIIe siècle, Miyamoto Musashi, jeune homme fougueux, n'aspire qu'à se battre. Recherché dans tout le pays, il est recueilli par un moine et n'a bientôt plus qu'un but : tendre à la perfection grâce aux arts martiaux.
Son sabre sera désormais serviteur du bien. Il ira de combats en conquêtes à la recherche d'amour et de sagesse, épaulé par le chant de sa tendre Otsu.
Un grand classique du récit initiatique qui marie amour, aventure et quête de soi.



L'auteur nous offre une version romancée de la vie de Miyamoto Musashi (autre façon de prononcer son véritable nom : Takezo), samouraï célèbre ayant réellement vécu au 17ième siècle.
L'histoire débute juste à la fin de la grande bataille de Sekigahara, à laquelle Takezo et son ami Matahashi survivent de justesse et se réfugient chez Oko et Akemi.
Rétabli, Takezo rentre dans son village sans Matahashi, celui-ci ayant préféré fuir avec une autre femme que de rejoindre Otsu, sa fiancé.
Sa jeunesse tumultueuse, le barrage forcé à la frontière pour revenir dans son pays et sa culpabilité passive dans la désertion de Matahashi lui valent son rejet par les membres de son village.

Guidé de façon aussi originale que douteuse par le moine errant Takuan, il deviendra Musashi  et consacrera alors sa vie à la recherche de l'accomplissement personnel par le biais de la voie du samouraï.
Il parcoure le Japon afin de défier les plus grandes écoles pour améliorer son art et donner un véritable sens à sa vie.

Au travers de la quête de Musashi, de nombreux personnages historiques sont présentés, restituant un peu plus nettement l'histoire dans son contexte historique.
Certains personnages du livre sont méprisables, d'autres sont ambiguës, certains particulièrement attachants mais tous sont dépeint avec un charisme certain.

A la manière des romans de capes et d'épées occidentaux, l'action et les combats prennent évidement une part importante du livre.
Cependant, contrairement aux chevaliers qui défendent la veuve et l'orphelin (et surtout les princesses) pour atteindre la renommé, le parcours du samouraï est intérieur, à la recherche du geste parfait et de sa propre maîtrise.

Toujours dans la recherche de ce geste parfait, Musashi s’intéresse également au travail des artisans et artistes comme le potier. Ces professions serviront ultérieurement de références à Musashi pour étayer ses théories dans le Gorin no sho (Traité des cinq roues).

Malgré le fait que Musashi soit le samouraï le plus célèbre au monde, le personnage n'y est pas invincible. Ses plus grandes forces ne sont pas sa taille, ni ses solides épaules mais son sang-froid devant des situations périlleuses et son sens méthodique de la préparation au combat, que soit pour un duel ou un combat contre de multiples adversaires


L’enchaînement des passages d'actions, de dialogues et de descriptions est très fluide et peint un Japon d'une toute beauté.
La violence décrite dans ce livre y est assez relative. Certes, le sang coule à flot. Dans des combats au sabre, il serait difficile d'être réaliste en faisant autrement, mais l'auteur ne fait pas dans la démesure en détaillant les dégâts causés. 

Une petite chose m'a intrigué. Malgré la superficie du Japon, les personnages principaux ne cessent de se rencontrer entre eux, de se séparer pour ensuite se retrouver inopinément quelques pages plus loin. Bien que j'ai trouvé cela un peu téléphoné, cela n'a ne retire rien à la qualité de l'histoire.


Au final, c'est un livre passionnant, d'une portée nettement supérieure à celle d'un roman d'aventure. Car, au travers de ses combats, Musashi entraîne le lecteur dans un parcours initiatique, celui du bushido.

A lire absolument pour tout amateur de la culture nippone.


J'ai  lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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