mercredi 28 décembre 2011

Royaume magique à vendre ! Tome 1 : Le royaume magique de Landover

De Terry Brooks


Ben Holiday n'est plus que l'ombre de lui-même depuis la mort de sa femme. Avocat désabusé, il a perdu toute foi en la justice des hommes et n'espère plus un monde meilleur.
Alors, pourquoi ne pas répondre à cette annonce publicitaire « achetez un royaume pour un million de dollars ! Landover, terre d'enchantement et d'aventure tirée des brumes du temps, pays de chevaliers et de pages, de dragons et de lentes demoiselles, de sorciers et de jeteurs de sort. Tous vos rêves deviendront réalité dans ce royaume d'un autre monde. » Voilà exactement, pense-t-il, l'endroit où il pourra renouer avec ses idéaux. Malheureusement, les songes peuvent se révéler parfois plus dangereux que la réalité...




Ayant apprécié le Cycle de Shannara, c'est avec une grande curiosité que j'ai commencé ce livre au titre si prometteur.

Je m’attendais un peu à du burlesque du genre de Pratchett : un homme sans prétention venant de notre monde et qui, n'ayant plus rien à perdre, accepte de débourser un million de dollars pour devenir roi d'un royaume sans même croire réellement à son existence et finit par devenir le roi d'un château vide avec quatre serviteurs (deux gobelins, un majordome changé en chien par l'incompétence du mage royal), aucuns alliés et de puissants ennemis.

L'idée de faire traverser les univers à un contemporain n'est pas nouvelle, mais lui faire payer son royaume est assez cocasse.

Hélas, l'histoire traine en longueur et mis à part quelques originalités, comme l'équipe de bras cassés qui lui sert de serviteurs, il n'y a rien de transcendant dans ce roman, ni de franchement drôle.

Des sujets à reconquérir en accomplissant diverses quêtes, un dragon, une sorcière, des sylves, de la magie : les bases classiques d'un roman de fantasy mais il manque un je ne sais quoi pour lui donner une réelle consistance.

Toutefois, j'ai bien apprécié l'image du personnage principal qui s'investit dans la reconstruction du royaume tout en se reconstruisant lui-même.

Au final, ce premier opus, sans être révolutionnaire, se lit par curiosité mais, pour le moment, j'hésite à poursuivre cette série.

lundi 26 décembre 2011

Fahrenheit 451

De Ray Bradbury


451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.
Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable.
Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.




Fahrenheit 451 est un grand classique que l'on ne présente même plus.
L'auteur nous dépeint un futur, pas si éloigné du notre, tant culturellement que temporellement, ou la lecture (de livre) est interdite.
En effet, lire mène à la réflexion. Chacun réfléchissant différemment, cela amène les gens à avoir des idées différentes, ce qui est déclaré comme antisocial et ennemi de la paix.
Cette société engendre donc un troupeau de moutons abruti par la télévision, ne pouvant et ne voulant plus réfléchir par eux même (trop fatigant).

Le personnage type de ce formatage est la femme du héros, Mildred, qui ne vit que pour et par ses écrans géants diffusant la "famille", émission de télé-réalité occupant son esprit en continu.
Non content de juguler toute réflexion, ce genre de société contrôle aussi les souvenirs. Sans les livres, pas d'histoire, ni de passé. La société est alors libre de le remodeler à sa guise.

Montag, le héros, n'était pas différent des autres personnes et son métier de pompier-bruleur de livre (Dans la version original, le terme de pompier remplacé par 'firemen' l'homme du feu prend tout son sens) lui plaisait même avant sa rencontre avec Clarisse McClellan, jeune fille excentrique, élevé par sa famille dans l'esprit de liberté individuelle et de réflexion personnelle.

Elle l’amène à se demander ce que contiennent les livres qu'il brule. Pourquoi des personnes en cachent-ils contre la loi et sont même prêtes à mourir avec eux ?
Cette simple incitation à la réflexion lui fera remettre en cause toute la société dans lequel il vit.

C'est un roman percutant et incroyablement visionnaire. A sa sortie, le télévision en était encore à ses balbutiements et pourtant Bradbury décrit des écrans plats recouvrant les murs, la télé-réalité, les lecteurs de musiques portables (appelés les coquillages).
Il est effrayant car la société décrite pourrait bien être la notre. En effet, le contrôle de la population par l'occupation perpétuelle de l'esprit par les murs écrans et les coquillages m'évoque le patron de TF1 qui vendait du temps de cerveaux  disponibles aux pubs.

Au final, c'est un livre qui n'a pas trop mal vieillit, malgré les 70 ans.
Bien qu'il se lise très vite, il entraine beaucoup de réflexions. (Je sens que je vais surveiller de près le premier pompier qui viendra me vendre un calendrier :p)

C'est un livre à lire absolument et qui clos en beauté ce challenge Tous les livres qu'il faut avoir lu dans sa vie.

Et vous, quel livre apprendriez-vous par cœur pour le sauver ?

samedi 17 décembre 2011

Cénox, l'enfant druide

De Jacques Gohier
Illustré par Dub



Cenox est un jeune gaulois de la tribu des Cénomans, vivant à l'époque trouble ayant vu Vercingétorix vaincu à Alésia.
Fils de l'archidruide Cénomanix, qui l'instruit et lui apprend les secrets des simples, il est habitué à rechercher dans la forêt les ingrédients nécessaires à leurs fabrications.
Lors d'une de ces cueillettes, un général romain, grand ami de César, rasa le village en représailles de l'aide apporté par celui-ci lors de sa capture  pendant la guerre.
Son père, mourant, l'envoie prévenir le village voisin et retrouver son frère Robix.
La transmission de ce message sauve bien des vies et c'est en héros qu'il intègre, sous la tutelle de son oncle devenu archidruide, l'école des druides.


A mi-chemin entre le roman et le manuel d'histoire, ce livre est particulièrement instructif et bien construit. Les personnages fictifs et réels se mêlent en une grande aventure les menant jusqu'à Vercingétorix lui-même.
Ce livre nous en apprend un peu plus sur la magie des druides qui, entre la magie réelle et le tours de passe-passe, faisaient d'eux les messagers des dieux.

Les illustrations, forts nombreuses, sont belles, simples et toujours dans le contexte de l'action (Je note tout de même une petite coquille, lorsqu'un guerrier gaulois brandis une épée à double tranchant alors qu'elle est décrite  à simple dans le roman. Mais bon, je chipote un peu).

Petit bonus : Bien que le roman à lui seul soit déjà instructif, l'auteur à ajouté, à la place d'un lexique, un petit documentaire comportant les grandes lignes de l'histoire de nos ancêtres les gaulois, les noms des différentes tribus ainsi que diverses anecdotes comme par exemple le choix du coq comme emblème (Coq et Gaulois se traduisant Gallus en latin).

Comme il faut bien trouver un défaut à ce livre, je soulignerai que, si le caractère pédagogique de cette œuvre est irréprochable, je trouve que l'histoire proprement dite manque un peu de consistance .
Les actions s'enchainent sans temps morts mais sans détails non plus, laissant comme une impression de lire un résumé du livre.

Ce livre est clairement destiné aux enfants de 12 ans et plus, et bien qu'un adulte puisse peut être apprendre une chose ou deux, je doute qu'il le passionne.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Adabam pour m'avoir envoyé ce livre à l'occasion du programme Masse Critique.


dimanche 11 décembre 2011

Le pacte des Marchombres

De Pierre Bottero



L'histoire narre le parcours d'Ellana, jeune fille curieuse et intrépide, privée de ses parents lors d'une embuscade contre leur caravane.
Dissimulée par sa mère dans une cache du chariot, elle est secouru, puis élevé par de curieux êtres humanoïdes de petite taille.
A l'adolescence, elle les quitte pour parcourir le monde et en apprendre plus sur ses véritables parents.
Chemin faisant, elle rencontrera le marchombre Sayanel, qui décelant son fabuleux potentiel et ayant déjà un apprenti, la confiera à son ami Jillano.
Le second tome, dans la parfaite continuité du précédent, narre la suite et fin de cet apprentissage.
Le dernier se passe quelques années après celui-ci ( la quête d'Ewilan s'insère d'ailleurs entre ces livres) et on retrouve Ellana, qui suite à une attaque des mercenaires du chaos, se voit prendre son enfant et est laissée pour morte.



Premiers livres que je lis de cet auteur, pourtant vivement conseillé par Plume et bien d'autre, cette trilogie est un véritable coup de cœur.
Je m'étais en effet attendu à un bon roman de fantasy. Cette série en possède d'ailleurs toutes les caractéristiques : des monstres, des héros aux capacités spéciales surhumaines, de l'amour, des guerres, des trahissons, de nombreuses tragédies, des prophéties et d'étranges noms aux consonances magiques.
Rien de bien transcendant si j'ométais de mentionner la plume incroyable de Bottero.

En effet, bien que le lecteur se contente de suivre la progression d'Ellana sur la voie des marchombre, ce roman recèle de grandes richesses.
En plus de bâtir un univers complet, Bottero construit toute une philosophie autour de l'enseignement dispensé par le maître marchombre à son élève.

Et surtout, Bottero manie la plume comme les marchombres leurs dagues : le geste est simple, mais gracieux et efficace, sans superflu et toujours emprunt d'une certaine poésie.
Dans les bonus, Bottero décrit d'ailleurs sa manière d'écrire :
Écriture. Travail sur la forme. Lisser ses phrases pour qu'elles caressent, les affûter pour qu'elles tranchent, les effiler pour qu'elles percent, les vriller pour qu'elles crochètent. Faire de ses phrases une panoplie d'outils destiné à un seul but : sculpter l'émotion.

Bottero, plutôt que d'embellir son texte avec des mots aux rythmes chantant, mise sur la puissance, quasi-magique du sens profond de chaque mot qu'il emploi.
Les poésies marchombres sont extrêmement courtes, parfois juste trois mots, et semblent basées sur la puissance des mots utilisés dans le bon contexte.
Élan de vie
Murs oubliés
Libre.

Les personnages sont superbement décrit, en particulier, évidement, Ellana parfait mélange entre un shinobi et Wolwerine, au caractère bien trempé et à la curiosité égale à sa soif de liberté : insatiable

Je n'ai eu qu'une envie une fois le troisième tome engloutit, c'était de me plonger dans la quête d'Ewilan, trilogie que j'aurai d'ailleurs du lire entre les tomes deux et trois.
En effet, il y a un grand trou, chronologiquement parlant, entre ces deux livres que ce cycle d'Ewilan comble. Je ne m'en suis aperçu qu'une fois le tome trois entamé et, étant donné l'intrigue poignante tombant dès le début du livre, je n'ai pas pu le reposer.
Toutefois, l'auteur fait suffisamment de rappel pour que l'on raccroche les wagons facilement.

Petite cerise sur un gâteau déjà alléchant : les doubles réponse, du savant et du poète.
A de nombreuses questions, Ellana (et quelques autres personnages) donnent deux réponses : Celle du savant et celle du poète, deux réponses distinctes et pourtant complémentaires, deux facettes d'une même vérité, comme celle donné à Ellana par sa mère au début du premier tome:
-Tu reviendras quand ?
- Il y a deux réponses à ta question. Comme à toutes les questions, tu le sais bien. Je commence par laquelle?
A l'extérieur, un bruit terrifiant s'éleva. Le bruit des armes qui s'entrechoquent, fendent la chair, donnent la mort. La fillette tressaillit mais sa mère, en lui caressant la joue, réussit à l'enfermer dans l'univers de son regard.
- Laquelle?
- Celle du savant.
-Je ne reviendrais peut être jamais, ma princesse.
- Elle est nulle cette réponse. Donne moi celle du poète.
Isaya se pencha pour lui murmurer à l'oreille.
- Je serai toujours avec toi. Où que tu te trouves, quoi que tu fasses, je serai là. Toujours.
Elle avait placé la main sur sa poitrine. La petite la regarda avec attention.
- Dans mon cœur?
-Oui.

Si je recommande ce livre ?
Il y a évidement deux réponses à cette question.
Celle du poète : Cette trilogie est à lire et à relire en se laissant transporter dans le monde magique que cet auteur français, hélas décédé, nous à laissé.
Celle du savant : Cette trilogie est clairement déconseillée en tant que livres de chevet (Risque de nuit blanche important).